Ivan Messac est né en 1948 dans une famille sur laquelle planait l'ombre de son grand-père Régis, écrivain mort pour la France dont les cendres reposent au Panthéon. Sa mère, issue d'une famille où l'on retrouve un sculpteur, un photographe et une violoniste, rêvait qu'il devînt acteur. Son père, plus prosaïque, le destinait à la plus haute fonction de l'église anglicane. Ajoutons que ce père était un artiste sans le savoir, ne voyageant que pour visiter des gares, dessinant les vêtements et bijoux de son épouse et n'utilisant son appareil photo que pour recomposer des photos célèbres où inventer des scènes faussement historiques; cela quand il ne dessinait pas son mobilier ou ne caricaturait pas son entourage. Son oncle Ralph, ami de Léo Mallet, de Jean Yann et de bien d'autres personnages a sans doute influencé son côté taquin et son goût pour la littérature.
Adolescent, Ivan Messac fréquente assidûment le Théâtre des Amandiers situé à quelques mètres de son lycée à Nanterre, il écrit des chansons, lit les poètes de la Beat generation et parcourt l'Europe en autostop. En 1967, à 19 ans, il commence réellement à peindre et va à la rencontre de Bernard Rancillac, Jacques Monory et Peter Klasen. Auparavant, il a fait la connaissance de Saint-Maure, un sculpteur à qui il soumet des maquettes de sculptures en carton (sic). Il est alors bien décidé à devenir artiste. Après les évènements de mai 1968 auxquels il apporte sa contribution discrète et marginale, il évite élégamment de s'inscrire à l'école des Beaux-arts et entame des études de philosophie à la faculté de Nanterre. Il y collera une fresque sur papier de 10 mètres de long et l'un de ses condisciples inscrira le long de la voie ferrée : Messac au Louvre. Il rencontre Pierre Buraglio et expose, en 1969, au Salon de la Jeune Peinture dont il deviendra membre du comité quelques années plus tard. Il en dessinera les affiches de 1974 et 75. Sa série de tableaux "Minorité absolue", dédiée aux amérindiens et commencée en 71, lui vaut une certaine notoriété et un article de Gilbert Lascault dans la revue Opus international. En 73, le chorégraphe Michel Descombey lui commande les décors et costume pour un ballet sur une musique de Stockhausen et simultanément il prépare sa première exposition personnelle à… Paris. En effet, la toute première s'est tenue à Dublin en 71. Il est donc peintre.
Peintre de la Figuration narrative ou du Pop art comme José Pierre l'affirme dans son dictionnaire? Oui, il est ce peintre, pour quelques années encore. Mais peu à peu ses réflexions sur la couleur, ses questionnements relatifs à la représentation vont progressivement l'en éloigner. Parallèlement il organise deux ouvrages "Chroniques des années de crise 1 & 2” avec Olivier Kaeppelin, fonde avec ce dernier une revue de Rock "Le grand Huit" et publie, sous le pseudonyme de Xavier Mariani, un roman policier aux éditions Sanguines. Il est engagé comme professeur de peinture à l'école des Beaux-arts de Caen où il enseignera jusqu'en 1986. Il participe à la Biennale de Paris en 1980 avec de grands tableaux qui vont l'amener à introduire des volumes dans ses toiles et finalement lui faire réaliser ses premières sculptures…en carton. Celles-ci feront l'objet d'une exposition à la galerie J&J Donguy et d'une monographie par Pierre Tilman aux éditions du Castor Astral. S'en suivront d'autres expositions et différentes commandes publiques, telle celle de la place Maurice Quentin dans le quartier des Halles à Paris.
Ces commandes confrontent l'artiste à la "vraie" matière et nous ne sommes pas surpris que, dès lors, il veuille s'y affronter. Et le voilà sur la route de Carrare dont il rapporte des œuvres de marbre noir qui seront d'abord exposées au CREDAC à Ivry en 1992. Ivan Messac ne va pas se contenter de faire des sculptures, sa fréquentation des carrières de Carrare lui inspire un projet "Aronta" à l'échelle de la montagne auquel il travaillera pendant plusieurs années. Le musée des Beaux-arts de Sens s'en fera l'écho par une très belle exposition. D'autres commandes publiques suivront : à Paris, à Beyrouth, en Chine… et privées pour EDF, en Italie et en France.
Nous sommes au début des années 2000 et il ne fait de doute pour personne qu'Ivan Messac est sculpteur. Thierry Dufrène lui consacre une monographie, chez ”Au Même Titre édition”, qui en témoigne largement, tandis qu'Ivan Messac publie aux éditions Villa Tamaris, "Fédor Klepsévitch, artiste fanionniste" qui sera joué au théâtre des Marronniers de Lyon en 2005, date à laquelle paraît sous la plume de Harry Bellet une monographie sur son œuvre peinte.
Comme il fallait s'y attendre, Ivan Messac a repris ses pinceaux. Il nous a depuis, gratifié de quelques belles expositions et il est représenté par de nombreuses galeries : Prates au Portugal, Laurent Strouk, et BC à Paris, Orel Art à Paris et à Londres, Bernard Ceysson au Luxembourg. S'il semble avoir renoué avec ses œuvres de jeunesse, gardons-nous cependant de lui coller une étiquette puisque au long de ces 40 dernières années, nous l'avons aussi connu vidéaste, dessinateur, éditeur et plus ou moins écrivain. Reste que nous sommes convaincus qu'Ivan Messac est avant tout peintre et sculpteur.
Né à Caen France le 19 mars 1948
Vit et travaille à Paris